Je me promenai dans les rues de Joliette dans les alentours de neuf heure du soir, nous étions en hivers et il faisait déjà nuit noire. Mon père m’avait pourtant interdit de sortir la nuit tombée, et Jake qui s’inquiétait beaucoup trop pour moi n’aimait pas non plus que je sorte après sept heures. Pourtant, moi j’adorais me balader seule quand il faisait nuit, cela me permettait de réfléchir sans que mon père ne s’immisce dans mes pensées, et puis je trouvais la nuit tellement jolie que je trouvais dommage de ne pas en profiter. Vers dix-sept heure, j’avais dis à mes parents que j’allais faire mes devoirs chez une amie du lycée, ce qui étais vrai au départ, j’avais simplement oublié de leur dire que je rentrerais plus tard que prévu. Cela faisait une heure que j’avais quitté la maison de ma camarade de classe et que je gambadais joyeusement dans la ville plongée dans l’obscurité. La lune était pleine et magnifiquement argentée, je comprenais pourquoi on l’associait souvent aux loups-garoux. Elle était fascinante et à la fois effrayante, comme eux. Comme Jacob. Et puis elle avait le don de refléter la lumière des autres, se rendant ainsi plus magnifique encore. Contempler la lune me faisait songer à lui, c’était ridicule car les loups qui se transforment à la pleine lune n’était qu’une légende, une légende plutôt amusante d’ailleurs car quand on y réfléchissait, on ne comprenais pas bien pourquoi soudainement un homme tout à fait ordinaire se mutait en une bête féroce et déchainée dès qu’il voyais la lune aussi ronde et belle qu’une bille de nacre. C’était absurde. Je n’avais jamais demandé à Jacob ce qu’il en pensait mais je l’imaginais déjà rire en pensant à cela.

Il commençais à se faire tard pour trainer dans les rues, je ne voulais surtout pas abusé de la patience de mes parents. À l’heure qu’il était, mon père était sans doute sur le point de venir me chercher à force d’attendre, il était inutile de le mettre en colère surtout que c’était devenu chose facile depuis qu’il savait pour moi et Jacob. Et puis Jake m’avait aussi mit en garde à propos des hurons, une meute qui gardait la ville de Joliette et St Gabriel. Jacob avait quelque différent avec Douglas Monroe, leur Alpha. Les hurons étaient contre les vampires, on les soupçonnait d’être associé avec les chasseurs, et ils avaient reproché aux Quileutes d’être trop proche de nous, vampires.

Je sautillait joyeusement en chantonnant pour rentrer chez moi et, comme je ne regardait pas où j’allais, je me heurtai à ce qui me sembla être un bloc de pierre de près de deux mettre de haut. Je tombais sur les fesses, un peu sonné et en relevant la tête je m’aperçut que le bloc de pierre était en faite un homme. Je compris qu’il était un loup-garou en voyant qu’il ne portait qu’un short alors que nous étions en pleins hivers et qu’il faisait un froid glacial. C’était un huron. Mon cœur se mit à battre très fort, j’avais peur. Bien sûr j’étais capable de courir très vite mais il y avait une chance qu’il soit plus rapide que moi et dans ce cas, j’étais foutue. Je me relevais et décidais de faire comme si je n’avais pas compris qui il était et surtout comme si je n’étais pas à moitié vampire.

r e n e s m é e ▬ Pardonnez-moi, je ne vous avez pas vu…aïe, aïe, aïe, ma tête, on peut dire que vous êtes bien planté vous, j’ai cru me cogner à un rocher. Je ne vous ai pas fait mal en vous rentrant dedans ?

La journée avait été plus que banale pour moi. J’étais tranquillement allé travailler dans le garage de la ville, une voiture attendait qu’on lui change la courroie de distribution alors qu’une autre était un des projets de restauration du patron. La première fut rapidement réparée alors je m’étais penché sur le « bébé » du boss, comme il l’avait appelé. Poncé et nettoyé de toute part, je replaçai le turbo dans son antre, attendant sagement d’être sollicité plus tard. Ayant fait du bon boulot pour la journée, le patron m’ordonna de rentrer un peu plus tôt. Selon ses dires, je l’avais bien mérité. Je ne pensais pas vraiment comme lui mais en même temps je ne crachais pas sur le fait de rentré plus tôt du travail et d’aller passer plus de temps à ma ronde. Depuis quelques temps j’avais redoublé d’effort concernant les rondes de la meute et le périmètre de sécurité. Quelque chose se préparait.
Parcourant rapidement la distance se trouvant entre le garage et la zone de sécurité que j’avais installée autour des Cullen, je me changeais en loup dès que mes pieds foulèrent les premières herbes des plaines, non loin des forêts. Personne n’était en vue, je ne voulais plus attendre. Ma ronde, mes recherches, durèrent plusieurs heures. Plusieurs heures durant lesquelles j’étais totalement seul. Aucun membre de ma meute ne s’était transformé et aucun ennemi n’avait l’air d’être dans les parages. Tout était calme. Beaucoup trop calme à mon goût. J’aurais très bien pu vous dire que cette situation était plaisante, n’avoir rien d’autre dans la tête que ses propres pensées et être seul avec la nature. Cependant, certaines choses faisaient qu’en se moment, je ne pouvais accepter cette « solitude ». Celle-ci me faisait froid dans le dos. Depuis quelques temps nous avions l’impression d’être surveillé, épié, par nos ennemis. Des ennemis qui s’étaient fait connaître dès notre arrivé. De plus en plus de preuve confirmaient nos doutes. La situation devenait critique, tendue. Cela n’était qu’une question de temps. Le temps. Je m’aperçu de celui-ci une fois la nuit tombée. J’avais passé beaucoup trop de temps dans mes pensées. Cependant je n’avais rien relevé de bien nouveau aujourd’hui. Le périmètre restait inviolé, aucunes nouvelles traces n’étaient apparues. Une journée « tranquille » en quelques sortes.

Revenant sur mes pas je me dirigeais rapidement vers la maison des Cullen. Je n’avais pas vu Nessie de la journée et cela commençait à me peser. Chaque jour, sa présence se faisait de plus en plus forte. J’avais de plus en plus besoin d’elle, de sa présence, de son odeur, de sa joie, de sa vie. Cette situation, qui évoluait peu à peu, n’était pas du goût de tous. Loin de là. Certains n’aimaient guère mon imprégnation et l’attachement dont Nessie faisait preuve à mon égard. Mais tout comme moi, ils ne voulaient pas faire de mal à cette petite déesse et ne voulaient que son bonheur. Ils savaient aussi très bien qu’elle ne pouvait être qu’en bonne sécurité. Accélérant le pas, je sentis mes griffes s’ancrer plus profondément dans le sol, écorchant la terre à mon passage. Mes efforts furent récompensés quand, après quelques minutes de course, j’arrivais enfin à ma destination. La maison des Cullen se trouvait face à moi. En la voyant je ne pu m’empêcher de me demander combien elle avait couté. J’essayais de trouver son prix ainsi que la fortune que cette famille avait amassé en seulement quelques centaines d’années. Ils pouvaient tous ce payer. C’était tout bonnement hallucinant. Mais quelque chose retint mon intention. Bien que l’odeur de tout les Cullen fût présente sur les lieux, je ne pouvais sentir la présence de Nessie. Son odeur était là, mais elle était différente, moins forte, moins présente. Mes craintes s’avérèrent exacte quand Edward me donna la réponse. Nessie était en ville, chez une amie, pour du travail scolaire. L’horloge en face de moi ainsi que la nuit sombre qui était déjà bien présente me firent sursauter. La chaleur augmenta rapidement, quelques picotements s’en suivirent et la seconde d’après, je me retrouvais dehors entrain de vagabonder dans la forêt à toute vitesse, transformé en loup. Heureusement que j’avais eu le temps de sortir de la maison pour la transformation.
Il était déjà tard, bien trop tard pour moi. J’avais pourtant bien dit à Nessie de ne pas s’aventurer seule la nuit en dehors du périmètre. Edward l’avait aussi sermonné à ce sujet. Quand il s’agissait de la sécurité de celle-ci, nous étions en symbiose parfaite. Sollicitant plus intensément mes muscles que quelques minutes plus tôt, j’accélérais fortement tout en suivant l’odeur de ma bien-aimée. Mes griffes s’enfoncèrent encore plus profondément, je sentais mes muscles se contractés fortement et mes ligaments s’étirer et se tordre avec rage. Tout en moi était éveillé. Je coupais à travers champs en essayant de faire attention aux alentours. Il ne fallait pas me faire voir des habitants de la ville. En même temps je me demandais qui, à part les loups et les vampires, avaient les yeux pour me repérer. Ma vitesse était élevé, bien plus que les vampires, et ces derniers étaient invisible à l’œil humain.

Mes peurs s’intensifièrent lorsque je repérais l’odeur nauséabonde et familière de notre ennemi. Cette odeur qui sentait la destruction, la force, la rage. Celle de Douglas Monroe. Son odeur était mêlée à celle de ma Nessie. Se sale chien était entrain de la suivre. Peut être l’avait-il déjà trouvé. Je refusais de penser à cette situation et redoubla d’effort pour arriver à temps prêt de la petite Cullen.
Arrivant en ville, je continuais ma route, mon rapidement qu’avant cependant, et arriva à l’intérieur de petites ruelles sombres qui entouraient le centre de la ville. Je n’étais jamais venu ici et je ne soupçonnais pas l’existence de tel endroit. Un véritable petit labyrinthe. Sombre. Dégoutant. N’importe quel trafic pouvait avoir lieu ici. Cependant ceci était loin d’être mon centre d’intérêt. J’avançais férocement, tout en ne faisant aucun bruit, à travers ces ruelles et ces croisements et arriva finalement derrière Nessie. La lune éclairée l’endroit mais le centre de mon monde était sous l’ombre de l’imposant Douglas, comme je m’en étais douté. Il savait très bien que j’étais là. Mais cela ne le dérangeait pas. M’avançant rapidement, je me retransformai en humain, sauta dans mon short et arriva rapidement au coté de Nessie. Bras gauche autour de la taille, je l’attirai à moi tout en me saisissant du poignet de Douglas de ma main droite. L’action dans son intégralité ne dura pas plus d’une seconde.

« Ne la touche pas. »

Le regard noir, les sourcils froncés et la mâchoire serrée, j’agrippais avec force Nessie tout en la reculant légèrement du danger. Douglas allait sans aucun doute réagir. Mes muscles étaient tendues, prêt à l’assaut.

J’avais la trouille mais j’essayais de ne pas le montrer. Cette grosse brute ne devait surtout pas s’apercevoir qu’il m’effrayait. Je n’avais jamais rencontré loup mit à part ceux de la meute de Jacob, et je ne savais pas comment ils pouvaient réagir face à une créature comme moi. J’étais à moitié vampire et depuis la nuit des temps les lycans et les vampires se livraient à une sorte de guerre sans merci. C’était comme si les deux espèces étaient voué à se détestait pour des raisons que tout le monde ignorait. Douglas Monroe faisait de toute évidence partie de ses loups qui avaient une profonde aversion pour mon espèce mais je voyais aussi qu’il était intrigué, c’était sans doute la première fois qu’une hybride comme moi se mettait sur son chemin.

Le colosse s’approcha de moi et je reculais d’un pas, méfiante. Il avait l’air d’un de ses méchants qu’on rencontre dans les films, celui-ci qui affiche toujours un sourire pervers sur les lèvres et qui se réjouît simplement à la perceptive de faire souffrir l’héroïne. C’était exactement comme ça que je percevais Douglas.

d o u g l a s ▬ « Vous…vous ne trouvez pas que..ça sent la mort ? »

Je ne saisissais pas du tout où il voulait en venir mais au ton qu’il prenait, je voyais bien que cela ne laissait rien présager de bon. Je feignis toujours d’être la petite humaine innocente, même si je savais que Douglas n’était pas dupe.

r e n e s m é e ▬ « Je vous demande pardon ? Je ne comprends du tout ce que vous voulez dire... »
d o u g l a s ▬ « Je vais vous dire ce que je pense...Je pense que vous êtes dans de beaux draps. Je pense qu'à moins que vous ne soyez plus forte que ce que je crois, vous allez MOURIR. Alors, rendez moi un service...Dite moi s'il y en a d'autre comme vous? Dite le moi?... »

Cela ne servait plus à rien de nier, il savait. J’avais peur, mais ma colère était plus forte. Je ne baissais pas les yeux devant les aboiements du molosse. Il se croyait invisible, et cela tombait bien puisque moi aussi. Je me dressais devant lui, en proie à une rage qui jusqu’alors m’était inconnu, et siffla entre mes dents :

r e n e s m é e ▬ « Allez brûler en enfer, espèce de grosse brute, je ne vous dirais rien ! »

À l’instant même où ces mots sortir de ma bouche, je me mis à les regretter. La colère qui se peignait sur le visage de Douglas était plus terrifiante que jamais. Pétrifiée par la peur, je regardais sa gros paluche s’approcher dangereusement de mon cou, sans doute pour m’étrangler, sans être capable de réagir.

Une poigne de fer m’agrippa alors par la taille et m’attira vers l’arrière. Un quart de seconde plus tard, j’apercevais Jacob, la mine aussi courroucé que celle de Douglas, fixant mon agresseur sans flancher. Il n’avait eu aucun regard pour moi, je sentais cependant ses doigts brûlant enserrer un peu plus ma taille chaque seconde qui passait.

j a c o b ▬ « Ne la touche pas. »

Son regard aussi noir que de l’encre faillit me couper le souffle. Sa peau était encore plus brûlante que d’ordinaire, signe qu’il était très en colère, cela n’annonçait rien de bon. J’étais inquiète, je ne voulais pas qu’il se batte avec Douglas. Le huron n’attendait que cela et je ne voulais pas que Jake lui fasse ce plaisir. Je saisis alors le bras de l’indien et lui dit d’une voix tremblante :

r e n e s m é e ▬ « Jake, non. Calmes-toi, s’il te plait. On rentre, viens…Jacob ! »