Chère Journal,

Suis je devenue mélancolique ? Pourquoi cette envie soudaine d'écrire me prends ? Est-ce normal, est-ce l'âge ? Je n'en sais strictement rien mais je n'aime pas cette impression de perte de contrôle. Je la déteste même. Elle me prive de tous mes moyens et je n'aime pas ça. Je n'aime pas sentir que quelque chose m'échappe, que les choses m'échappent ! C'est une sensation très désagréable. J'aimerais pouvoir la chasser de mon vieux corps de glace, mais je n'en ai pas l'opportunité car je ne règne pas sur mes émotions, sur ce sentiment étrange nommée Solitude. J'aimerais tant pouvoir lui dire : "va, je ne t'en veux pas" mais je ne peux pas, je n'en ai pas la force. Je n'ai plus le courage de continuer cette lutte incessante envers un spectre. Qu'est-ce qui me prouve qu'il n'est pas décédé ? Qu'il n'a pas été brûlé vif par un des notre. Ah si sa vie lui avait été ôté, je serrerais fort en mes bras froid son bourreau. Il n'a pas idée de ce qu'il a crée, je suis sûr qu'à l'instar même de son âme noircie par ses délits, il n'a pas la moindre pensée pour moi. Sentais-je si bon que ça ? Étais-je sa "Mia Cantanta" ? Cela pourrait expliquer certaines choses. Une fois mordu, je suis redevenu une "humaine" simple, sans aucune particularité. Il ne me trouvais peut-être rien de bon ! Et il avait raison, ne le croyez vous donc pas ? Je ne suis qu'une tare pour la société qu'il essayait de mettre en place à l'époque. Je ne suis pas une de ses femmes fragiles qui s'effondrent aux moindres obstacles, une de ces femmes sans volontés qui obéis aux moindres gestes et caprices de son époux. Non, je suis une femme forte, une femme libre, libre de ces choix et de ces actes, de ses paroles, de ses pensées. Je ne suis pas une dominé mais une dominante

Elizabeth G. Evenson