Starring Jacob & Emilie



» Il faut avoir le coeur placé haut pour verser certaines larmes : la source des grands fleuves se trouve sur le sommet des monts qui avoisinent le ciel.
Chateaubriand

Ce matin en me réveillant, j'ai tout de suite sut qu'aujourd'hui serait une de ces journées d'un ennui mortel, ou rien ne se passerait. D'ailleurs c'est ce qui arrivait tout les jours à Saint-Gabriel. Je commençais à me sentir drôlement seul dans cette ville où je n'avais aucune attache, où je ne connaissais presque personne et où j'avais si peu d'amis. J'avais beau me cacher sous ma façade de garce, la solitude commençait à me bouffer, creusant un énorme trou dans ma poitrine, un trou que chaque déménagement agrandissait. Alors dites moi pourquoi j’étais incapable de tenir en place ? Pourquoi ne pouvais-je pas m’attacher ? Pourquoi ne pouvais-je pas me contenter de rester à un endroit, créé des liens et ne plus en parler ?

Ce n’était pas dans ma nature voilà tout. J’étais une … nomade si on peut dire. Je finirais sans doute par m’enfuir un jour. Pour l’instant je resterais à Saint-Gabriel. Je causerais des problèmes. Et je m’enfuirais comme une voleuse. C’était devenu une habitude à force. Je n’y pouvais rien, c’était plus fort que moi. Une voie s’élevait dans ma tête me dictant de fuir. Oui, je sais, on pourrait penser que je suis folle. Mais je ne le suis pas. Peut-être que quelque part, au fond de moi, je sais que quelque part quelqu’un m’attend. Je dois juste trouver où. Et visiblement ce n’est pas à Saint-Gabriel. Ou alors c’était que je n’avais pas encore trouvé mon attache. Mais peut-être la trouverais-je …

Bref, on ne peut pas dire que j’étais particulièrement motivé en me levant se matin. Déjà pour commencer je m’étais levé quarante cinq minutes en retard. Tant pis, je n’allais pas me presser, surtout pour aller en cours quoi ! J’avais donc pris ma douche, je m’étais coiffé, habillé … Bref, j’avais fait tout ce qu’une ado normale faisait le matin en se levant quoi. Après quoi je m’étais rendu en cours. Comme une élève modèle … ou presque !

[ ... ]

Le reste de la journée c’était dérouler sans trop d’encombre. Oh, comme d’habitude je m’étais ennuyé. Et comme d’habitude j’avais mangé seul à la cafétéria. Et comme d’habitude, j’étais tombé en sport, m’ouvrant joliment le bras droit du poignet jusqu’au coude. Mais heureusement rien de grave. Je viens maintenant tout juste de sortir du bahut, et je me dirige vers le parc. J’adore y passer mes soirées. Généralement il n’y a quasiment personne, et j’y reste jusqu’à la tomber de la nuit.

Il ne fait pas très chaud, et malgré le vent frais de Saint-Gabriel, je suis en t-shirt. Mais j’adore cette sensation que provoque le vent en vous caressant la peau. Ca a quelque chose de rassurant. Bref, j’arrive maintenant dans le parc, et je m’assois sur ce banc sur lequel j’ai l’habitude de m’asseoir. Il est situé sous un arbre, près du toboggan où jouent plein d’enfants. Qu’ils ont l’air heureux. Ils sont entourés de leur famille. Ils ont l’air heureux. Eux au moins ont une famille. Pourquoi moi n’en ai-je jamais eu ? J’ai l’impression que ma vie n’a nulle raison d’être. Je me sens inutile. Au bord de la dépression … Et comme d’habitude dans ce cas, je sors une cigarette de mon sac. Je la coince entre mes lèvres, fouillant à la recherche de mon briquet. Sauf que je me rends compte que je n’en ai pas. Et merde !

Fin de journée. Enfin, étais-je entrain de me dire. Sauf que pour moi, la journée était loin d’être finie. Mais ça, personne ne le savait, du moins pas grand monde. Saluant mes collègues du garage, j’enfourchais ma moto, mis le casque et partis à toute allure sur les routes de la ville, en direction de chez moi. J’avais besoin de prendre une petite douche et de me préparer pour la nuit qui aller suivre. Comme tous les soirs depuis quelques semaines maintenant je zoné autour de la villa des Cullen et de leur territoire, faisant ce pourquoi j’existais.
Mais je n’avais pas envie de me jeter corps et âmes dans se job dès ma sortie du boulot. Je voulais prendre un peu de temps, allé flâner un peu quelques part. Le parc par exemple était un endroit calme et paisible. Bifurquant sur la route qui allait vers le parc, j’avançais à toute allure et arriva sur les lieux après quelques minutes de course acharnée. J’avais l’impression que les jours se ressemblaient tous, toujours le même travail, toujours les mêmes courses sur les routes de la ville et toujours les mêmes ronde. Le bon coté des choses étaient que pour le moment tout allait pour le mieux pour tout le monde. Mais bon sang, j’avais besoin de plus d’action. J’étais né pour ça, pour combattre, protéger, me défouler. Depuis que j’étais devenue un modificateur, s’était ce que je ressentais au fond de moi.

Sans m’en rendre compte, j’avais garé la moto et m’étais mis à avancer sur les chemins du parc tout en pensant à ceci. Revenant à la réalité, je m’aperçus que j’étais déjà bien enfoncé dans le par cet que je me retrouvais désormais prêt des jeux pour enfant. Toboggans et autres balançoires y prenaient places. Je cherchais maintenant un banc sur lequel m’asseoir et souffler un peu. Prendre du temps pour moi, réfléchir ou non. Enfin, flâner quoi. Je n’avais envie de rien d’autre mis à part ça. Flâner.
Avançant lentement entre les bancs, je remarquais qu’ils étaient pratiquement tous occupés par des familles. Si jamais il n’y en avait plus de libre, peut-être irais-je m’asseoir dans l’herbe. Ce n’était pas plus mal d’ailleurs. Zigzaguant rapidement entre les petits qui couraient de toute part, je découvris un banc qui n’était occupé que par une seule personne. Une jeune fille. Elle ne prenait pas de place donc il en restait suffisamment pour moi. je m’avançais donc vers elle et lui demanda.


« Bonjours, si ça ne te dérange pas, puis-je m’asseoir ? »

Lui demandais-je en souriant. J’attendais une réponse de sa part avant de m’installer, je n’allais pas jouer au malpoli. Petite, brune, avec un visage assez mignon, cette jeune fille avait l’air d’être quelqu’un d’assez aimable et gentille en plus d’être belle. Peut-être allait-elle accepter ma demande. Une cigarette à la bouche, elle fouillait dans son sac, certainement à la recherche d’un briquet qu’elle n’avait pas l’air de trouver. Heureusement pour moi, si elle ne le trouvait pas, je pourrais respirer normalement. Je détestais la cigarette et son odeur, et tous les autres produits qui se fumaient. Avec l’odorat que j’avais, cela faisait rapidement mal au crâne.